Lettre ouverte au Premier Ministre
Monsieur le Premier ministre,
Votre premier déplacement a été consacré à l’Hôpital Necker. Par ce symbole, vous avez montré votre compréhension des priorités actuelles de nos concitoyens et votre volonté d’aider à trouver des solutions aux maux de notre système de santé. 87% du territoire national est un désert médical et plus du tiers de la population française souffre d’un réel manque d’accès aux soins. Les raisons de cette situation sont nombreuses et connues. Certaines peuvent être résolues rapidement, d’autres demanderont des années de travail.
A court terme, et au vu de la contrainte budgétaire qui pèse sur notre pays, nous savons que des sacrifices vont être demandés à tous et que le monde de la santé ne sera pas exonéré des efforts demandés.
Dans ce délicat travail qui vous attend, nous vous appelons à la vigilance et nous nous permettons de vous rappeler, qu’avant tout, nos concitoyens veulent mieux vivre et demandent à accéder aux meilleurs soins possibles, quels que soient leurs lieux de vie. Cet objectif est aussi celui porté par le monde soignant, aussi difficile en soit l’opérationnalité quotidienne.
Dans ce contexte, alors que vous avez nommé un ministre de la Santé et de l’accès aux soins, il nous semblerait extrêmement inapproprié de nous demander d’aider à mourir nos concitoyens. Il serait également incompréhensible que le sujet de la fin de vie soit discuté par le Parlement avant même tout autre projet visant à mieux répondre aux besoins de santé des Français. Professionnels au contact quotidien des dizaines de milliers de Français en fin de vie, associations de patients : nous redisons avec force que donner la mort n’est pas un soin. Au cœur des difficultés que nous traversons, nous attirons enfin votre attention sur l’immense enjeu que représentent les personnes en situation de vulnérabilité, que ce soit en raison de leur âge, de leur handicap ou de tout autre facteur. Il y a quelques semaines, les jeux paralympiques ont montré la force et le partage que la vulnérabilité pouvait apporter à notre société. Voir des gens abîmés, blessés et fragiles se dépasser a fait du bien à tous, constitue un formidable exemple du vivre ensemble et nous a montré que le bonheur et l’accomplissement de soi avaient de multiples visages. Notre responsabilité est désormais de dire aux Français que nous allons bâtir une société qui valorise chaque personne, quelle que soit sa condition physique ou mentale, et où qu’elle se trouve : à l’hôpital, au domicile, ou encore en établissement médico- social. La loi porte un message pour la collectivité. Ce message doit être source d’espoir, y compris dans les situations les plus difficiles. Professionnels engagés, membres d’organisations professionnelles, nous portons des propositions rapidement opérationnelles et peu coûteuses pour améliorer rapidement la prise en charge des Français, et notamment de ceux qui sont en situation palliative et en fin de vie.
Monsieur le Premier ministre, faisons du soin une priorité collective. Nous serons à vos côtés pour vous y aider.
Le collectif Soins de Vie